Certaines problématiques de la conférence FERMUN 2016 comme celle de l’OTAN concernant directement le terrorisme, et en vue des actualités récentes, il a semblé important et même nécéssaire de s’intéresser au conflit irano-saoudien ainsi qu’à ses possibles conséquences sur le terrorisme.
Le conflit irano-saoudien constitue un des plus gros hotspots du monde. Les tensions ne se résument pas qu’à des différents religieux sunnite/chiite. Il y a également un contexte politiquetrès important. L’Arabie Saoudite est depuis 1945 un allié stratégique majeur pour la première puissance mondiale à savoir les Etats-Unis. L’Iran voit son régime pro-américain s’écrouler en 1979. Khomeyni prend le pouvoir et instaure un régime islamiste en renversant le shah. Le conflit irako-iranien a accentué les tensions au sein du conflit irano-saoudien, conflits au cours desquels l’Arabie Saoudite prendra ses marques. En effet, en finançant l’Irak et en créant le Conseil de Coopération du Golfe pour contrer l’Iran, l’Arabie Saoudite se place en véritable opposant à l’Iran. Les tensions furent telles qu’il y eut même un arrêt des relations diplomatiques à la fin de la guerre irako-iranienne (en 1988) jusqu’en 1991. Comme toutes puissances possédant une certaine suprématie sur leurs régions, les conflits politiques se retrouvent également au coeur d’intérêts communs à d’autres états. L’Arabie Saoudite et l’Iran qui manifestent tout deux d’un désir de reconnaissance officielle de la part de la Palestine, se retrouvent dans une situation inconfortable. L’alliance avec les Etats-Unis revient régulièrement dans les critiques évoquées par l’Iran envers son ennemi saoudien. Les tensions se succèdent, et la dernière en date est d’ordre religieux.
L’exécution d’une quarantaine de djihadistes sunnites liés à Al-Qaida et d’un leader chiite, Nimr Baqer al-Nimr, raniment les tensions. Pour comprendre les réactions qui ont suivies cette exécution, il faut revenir sur la figure du dignitaire chiite. Nimr Baqer al-Nimr, représentant de la minorité chiite dans le royaume wahhabite, fut à la tête d’un soulèvement de sa communauté survenu dans le royaume en 2011. Alors qu’il critiquait ouvertement le royaume saoudien, il est rapidement soupçonné par Riyad d’être un agent secret iranien. Un mandat d’arrêt est alors lancé contre lui et, en 2014, Nimr Baqer al-Nimr est condamne à mort pour désobéissance au souverain et pour terrorisme. Suite à cette exécution, de nombreuses ONG ont réagit, qualifiant le procès d’injuste et rappelant que le condamné n’appelait pas à une contestation forte ou violente. Dans un premier temps cette exécution peut être perçue comme solution au dilemme entre la nécessité de contrer les mouvements radicaux sunnites et celle de contrôler l’expansion iranienne sans favoriser les djihadistes sunnites. Finalement, l’exécution semble surtout s’inscrire dans la continuité de la politique anti-iranienne. Les réactions ont été nombreuses. L’ambassade de l’Arabie saoudite à Téhéran a été assiégée pendant plusieurs heures, des manifestation chiite ont eu lien en Iran, avec pour mot d’ordre « mort aux saoudiens mercenaires de l’Amérique », mais aussi en Turquie, en Irak et au Pakistan.
On assiste donc, depuis le 2 janvier, à une crise ouverte entre Riyad et Téhéran, deux puissances déjà en guerre par procuration au Yemen et en Syrie. En effet, l’exécution a mis le feu au poudre et a eu pour conséquence directe la rupture des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Mais qu’est-ce que cela change véritablement ? Le fait est que les conséquences cette fois ne sont pas centrées sur un territoire spécifique : on a une onde de choc régionale qui traversent tous les pays. La coalition sunnite menée par l’Arabie Saoudite bombarde le Yemen. De plus, on a d’un côté un raidissement de l’Iran sur les négociations avec la Syrie et d’un autre, l’Arabie Saoudite qui soutient les salafistes. Ces divisions profitent à l’état islamique.
Aux vues des répercussions de cet acte sur la lutte contre le terrorisme, Moscou et Washington ont appelé au calme ensemble. Il apparaît dès lors nécéssaire de favoriser le dialogue entre les deux puissances dans le but d’éviter une guerre irano-saoudienne.
Louis La Fay
Appoline Amoureux