La Syrie après Bachar al-Assad : entre transition fragile et espoir de paix

Damas, octobre 2025 – Après plus de treize années de guerre civile et la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, la Syrie tente difficilement de se relever. Marqué par la violence, les divisions communautaires et les ingérences étrangères, le pays entre dans une phase de transition politique aussi délicate qu’incertaine. Entre espoirs de reconstruction et craintes de nouveaux affrontements, la communauté internationale et en premier lieu les Nations unies jouent un rôle crucial pour éviter un retour à la guerre et accompagner la Syrie vers une paix durable.

Tout commence en mars 2011, dans le sillage du Printemps arabe, mouvement de contestations ayant traversé plusieurs pays du monde arabe. Des milliers de Syriens descendent alors dans la rue pour réclamer plus de liberté et de démocratie. Le régime de Bachar al-Assad, héritier d’une dictature familiale vieille de plus de quarante ans, réagit par une répression sanglante. Les manifestations pacifiques dégénèrent rapidement en guerre civile, puis en conflit international, impliquant des puissances étrangères : la Russie et l’Iran soutiennent le régime, tandis que la Turquie et les États-Unis appuient divers groupes d’opposition.

Cette guerre d’une violence inédite fait plus de 500 000 morts, des millions de blessés et de déplacés, et laisse un pays dévasté. Le groupe État islamique (EI) profite du chaos pour s’implanter durablement, ajoutant une dimension terroriste au conflit. Malgré les victoires militaires successives du régime, appuyé par Moscou et Téhéran, la situation humanitaire et économique ne cesse de se dégrader. En décembre 2024, une offensive éclair menée par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et ses alliés met fin au règne d’Assad, contraint à fuir le pays. Depuis, la Syrie est dirigée par un gouvernement de transition mais les tensions demeurent fortes entre factions rivales et communautés divisées.

Dès les premières années du conflit, l’ONU s’est mobilisée pour tenter de trouver une issue diplomatique. En 2011, elle multiplie les missions de médiation et crée plusieurs mécanismes visant à documenter les crimes de guerre et les violations des droits humains, comme le Mécanisme international, impartial et indépendant (IIIM) ou encore une mission de surveillance éphémère. Malgré les blocages récurrents au Conseil de sécurité, en raison notamment des vétos russes et chinois, l’ONU maintient un dialogue avec toutes les parties et soutient les initiatives de justice transitionnelle.

Après la chute d’Assad, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, salue « une opportunité historique pour les Syriens de construire un avenir stable et pacifique », tout en rappelant les immenses défis qui restent à relever : reconstruction, réconciliation nationale, justice pour les victimes et inclusion de toutes les composantes de la société. L’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen insiste quant à lui sur la nécessité d’une transition politique inclusive, sans laquelle le risque d’un retour à la violence demeure élevé.

Sur le terrain, l’ONU continue de coordonner l’aide humanitaire. Pourtant, les financements restent dramatiquement insuffisants : en 2025, moins de 10 % des besoins humanitaires sont couverts, mettant en péril la survie de millions de Syriens. 

Elio Do Vale Martins