COMITE DIGITAL

La commission numérique, présidée par Andres Viana Oporto, Norah Moye Ovedraogo et Cherine Abd el All, a débattu au Campus Biotech, un département universitaire à Genève, les 11, 12 et 13 janvier 2023. Le comité était composé de 85 délégués représentant 43 délégations et a traité les questions suivantes : « Comment limiter l’empreinte environnementale des smartphones ? » et « Comment rendre les data centers plus durables ? ».

La séance de lobbying sur la première question, le 11, a donné lieu à un conflit d’intérêts. Des alliances entre Xiaomi, Samsung, Apple, Lenovo, Microsoft, Huawei, la Chine, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Mexique, l’OMM, l’Allemagne et le Vietnam se sont formées au cours de cette session ainsi que la Finlande, le Mexique, l’Inde, l’Australie, l’Italie, la Suède, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la France, l’Indonésie, la Côte d’Ivoire, le Canada, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne, le Japon, la Bulgarie, l’Égypte, l’Union européenne, le Kenya, le Royaume-Uni et le Sénégal.

Parmi les quelques délégués que nous avons pu interviewer, voici quelques-uns des résultats qu’ils souhaitaient voir émerger de cette conférence :

La délégation de la Russie souhaitait lever des fonds afin de financer des infrastructures qui réduiront leur empreinte carbone et lever des fonds pour la recherche afin de créer de meilleurs smartphones recyclables.
La délégation de la Corée du Sud espérait trouver des moyens de préserver un avenir plus durable et de rendre la cause des smartphones plus durable ainsi que de réduire les déchets et l’empreinte carbone tout en continuant à bénéficier de cette situation.
La délégation de Xiaomi Corporation aspirait à un aspect plus économique de la résolution, car pour elle, rendre le monde plus vert est inutile si les entreprises s’effondrent en le faisant. Cette délégation a tenté d’apporter des améliorations importantes mais réalistes.
Enfin, la délégation allemande visait le bien-être de l’usine car il est plus important que le profit. Elle souhaitait fabriquer des batteries à longue durée de vie et espérait sensibiliser au recyclage des smartphones.

Malgré quelques conflits, les délégués ont réussi à rédiger un projet de résolution encourageant et les délégués se sont quittés en espérant que les prochains jours de débat permettront de créer une résolution adéquate.

Le début de la deuxième journée a commencé avec la fin du lobbying et la décision de ne débattre que d’une seule résolution au lieu de deux. La forte volonté des entreprises et des pays de travailler ensemble a dirigé le débat. La délégation néerlandaise a commencé le débat en présentant la résolution écrite la veille.

Un amendement a ensuite été présenté par l’OMM, la délégation souhaitait supprimer une clause qui appelait à la création d’un nouveau comité dédié à la recherche de solutions à la question du débat : « A quoi bon créer un tout nouveau comité pour faire la lumière sur les solutions. Aujourd’hui, nous sommes tous réunis ici pour discuter de ces questions, vous devez cesser de reporter ce débat et prendre des mesures pour trouver des solutions dès maintenant. » Ceci a montré la forte volonté du délégué de faire une différence dans notre monde.

Un autre amendement notable a été fait par la délégation d’Afrique du Sud pour faire venir des entreprises dans leurs pays afin d’aider au développement et à l’économie de l’Afrique du Sud. La Norvège a demandé si cela n’entraînerait pas le travail des enfants, ce qui a provoqué des remous parmi les délégués. L’Afrique du Sud les a rassurés en leur disant que le développement de l’économie contribuerait à d’autres questions telles que les droits de l’homme et que le fait de faire venir des entreprises en Afrique du Sud n’avait aucune raison d’entraîner le travail des enfants.

La commission a finalement voté en faveur de la résolution, avec les Pays-Bas comme principal auteur, une majorité de voix pour, quelques voix contre et une abstention.

Le troisième jour, la commission a commencé par des discours des délégations du Royaume-Uni, du Cameroun, de l’Inde et de l’Union européenne. Les délégués ont ensuite porté leur attention sur la résolution présentée par la fédération de France qui comptait, à l’époque, 13 articles.

La journée a été longue avec de nombreux amendements présentés par les délégations. La fédération du Portugal a présenté un amendement sur la première clause pour arrêter d’utiliser des générateurs et utiliser uniquement des énergies renouvelables. Un discours contre cet amendement a été fait par la Huawei Corporation disant que les générateurs de secours peuvent fonctionner et qu’ils sont plus fiables. S’il n’y a pas de vent, par exemple, cela ne fonctionnera pas. Il est préférable d’utiliser les combustibles fossiles car ils sont plus fiables. Cet amendement n’est pas adopté.

Un autre amendement a été présenté par la délégation du Viêt Nam pour la clause 4, sous-paragraphe a et pour supprimer « signaler les profils de personnes décédées afin de supprimer le  » car il est difficile de supprimer le compte d’une personne décédée. La motion de passage au vote est appuyée et cet amendement est adopté.

À la fin de la journée, certaines délégations ont fait des discours pour et contre la résolution. La délégation française a fait un discours en faveur de la résolution. Comme elle l’a dit, elle est prête à renforcer la durabilité et c’est un bon exemple de multilatéralisme qui reflète de nombreux efforts. Cette délégation est convaincue que c’est la voie à suivre : « Voter contre cette résolution signifie que vous n’êtes pas prêts à vous battre pour notre monde ». Dans le camp opposé, il n’y a pas eu de discours contre la résolution.

La résolution est passée sans aucune voix contre et avec seulement deux abstentions.

Malgré une certaine confusion au sein des délégations, celles-ci ont finalement réussi à se battre pour que leurs problèmes voient la lumière. Nous remercions les présidents pour avoir mené ce débat de main de maître, les administrateurs sans lesquels cette conférence ne serait pas possible, et nous félicitons les délégués pour avoir débattu avec acharnement et proposé des résolutions malgré les problèmes d’organisation et de temps.

Aurore Stamatiadis et Romane Rouvière